- BIBRACTE
- BIBRACTEBIBRACTEPour Jules César, Bibracte est «de beaucoup la plus grande et la plus riche ville des Éduens» (César, Bellum Gallicum , I, 23). Elle fut le lieu de différents épisodes importants de la Guerre des Gaules: César défait le peuple helvète à sa proximité en 58 avant J.-C., une coalition gauloise menée par Vercingétorix s’y lie contre l’envahisseur romain pendant l’hiver 53-52; le général romain y séjourne enfin à diverses reprises, notamment au cours de l’automne 52.Depuis les fouilles archéologiques très importantes menées entre 1867 et 1907 par l’érudit autunois Jacques-Gabriel Bulliot et le savant Joseph Déchelette, Bibracte est située de manière définitive sur le mont Beuvray (communes de Saint-Léger-sous-Beuvray, La Rochemillay et Glux-en-Glenne, départements de la Nièvre et de la Saône-et-Loire). Depuis 1984, le site est de nouveau l’objet d’un grand projet de recherche, qui associe des archéologues issus de divers pays européens. Les résultats sont présentés sur place dans un musée de la Civilisation celtique inauguré en mai 1996 (achitecte: Pierre-Louis Faloci), tandis que le produit des fouilles anciennes est visible pour partie à Autun (musée Rolin), pour partie à Saint-Germain-en-Laye (musée des Antiquités nationales).Situé à 25 km à l’ouest d’Autun, dont le site accueille un demi-siècle après la conquête romaine la nouvelle capitale gallo-romaine des Éduens, Augustodunum , le mont Beuvray, qui culmine à 821 m, est un bastion avancé du massif du Morvan, qui domine la vallée de l’Arroux, affluent de la Loire. Presque entièrement désertée au moment de la fondation d’Augustodunum et aujourd’hui recouverte de forêts, Bibracte est un représentant parfait des oppidums, ces vastes agglomérations fortifiées qui parsèment l’Europe moyenne aux IIe et Ier siècles avant J.-C. (C. Goudineau, C. Peyre, Bibracte et les Éduens , Paris: Errance, 1993; K. Gruel, D. Vitali dir., L’oppidum de Bibracte: un bilan de onze années de recherches (1984-1995), Gallia , 54, Paris: CNRS, 1997). Elle est ceinturée d’une fortification monumentale, longue de 5 km, formée d’un rempart armé de poutres et parementé de pierre (murus gallicus ), précédé d’un fossé. Il s’y ouvre plusieurs portes, dont l’une, récemment fouillée, a une largeur qui approche 20 m. La superficie enclose (135 ha) semble avoir été occupée en grande partie par des habitations au Ier siècle avant J.-C. Elle était initialement plus grande encore (200 ha), si l’on retient l’identification récente (qui reste à vérifier par la fouille) d’un premier rempart plus étendu.Les dégagements de vestiges sur de grandes surfaces permettent de mesurer l’impact progressif de la «romanisation», amorcée bien avant la conquête romaine sur le site de la capitale des Éduens, peuple qui avait conclu un traité d’alliance avec Rome dès le milieu du IIe siècle avant J.-C.L’oppidum est traversé par plusieurs voies qui en structurent l’urbanisme. Dans une première phase (fin du IIe siècle/début du Ier siècle avant J.-C.), l’architecture n’utilise que la terre et le bois; les vestiges des bâtiments sont donc ténus. Les techniques de construction méditerranéennes sont introduites à partir du milieu du Ier siècle avant J.-C. Enfin, on observe finalement la construction de maisons spacieuses de plan romain à la fin du même siècle et au début du suivant.Les lieux publics sont encore mal identifiés. Un des trois sommets du massif accueille au Ier siècle avant J.-C. un espace réservé (la Terrasse), en périphérie duquel sera ultérieurement construit, au Ier siècle après J.-C. un temple de plan carré. On connaît également plusieurs fontaines et bassins situés dans l’espace public, de construction souvent monumentale (grand appareil de granit). Enfin, les fouilles du XIXe siècle ont localisé un vaste bâtiment qui semble identifiable à un marché ou à un entrepôt.La physionomie de Bibracte reste donc résolument différente de celle d’une ville gallo-romaine «classique», par sa situation topographique, ses fortifications et son urbanisme irrégulier.Outre son rôle avéré de capitale politique des Éduens, la ville est également un centre économique important. Sa richesse provient en grande partie du commerce avec les régions méditerranéennes, que les Éduens contrôlent grâce à leur mainmise sur les voies de communication majeures qui empruntent les vallées de la Saône et de la Loire. De fait, on observe que de très importantes quantités de denrées méridionales ont été acheminées sur le site. La plus visible est le vin, importé, principalement d’Italie, dans des amphores dont les tessons sont innombrables. Les fouilles montrent également que l’oppidum est un lieu très actif de transactions commerciales, où l’usage de la monnaie est quotidien. C’est aussi un lieu de production. On a en effet mis au jour un grand nombre d’ateliers métallurgiques, où des artisans mettaient en forme des objets en fer ou en alliages de cuivre.Le site semble perdre totalement sa fonction résidentielle dès le début du Ier siècle après J.-C. Les principaux vestiges d’époque romaine sont ceux du modeste temple de la Terrasse. Celui-ci cédera ultérieurement sa place à un oratoire chrétien. Au Moyen Âge et à l’époque moderne, le site accueille encore une foire annuelle de grande importance, attestée depuis le XIIIe siècle. Tirant parti du calme des lieux, un couvent franciscain y est fondé au XVe siècle et sera abandonné deux siècles plus tard.
Encyclopédie Universelle. 2012.